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de chauffe pour que l’eau, sans cesse renouvelée dans les bassines, ait moulé dans celles-ci un bloc de sel très-dur et très-blanc. Pendant toute la cuisson, on a écumé avec soin les eaux mères. Le bloc retiré des bassines pèse environ un picul ou soixante kilogrammes.

Ce grand village avec sa fumée, ses maisons noires, le bruit sourd qui s’échappe des usines, nous ramène soudain en pleine civilisation, et nous pouvons nous croire dans une petite ville industrielle d’Europe. De nombreux convois d’ânes, de mulets, de bœufs et de chevaux montent et descendent la longue rue en pente, le long de laquelle s’échelonnent les puits ; ils apportent du bois, du charbon, des cordages et remportent le sel.


CHAUDIÈRES D’ÉVAPORATION.

Peu de races sont douées d’un aussi grand ressort que la race chinoise. Les Mahométans ont occupé pendant quatre ans les salines et ont presque entièrement détruit le matériel d’exploitation. Ils en ont été chassés il y a un an, et déjà cette industrie est redevenue aussi florissante que jamais.

Au sommet du village s’élève une pagode qui le domine complètement, et au pied de laquelle viennent mourir ses dernières rumeurs. Nous y fûmes logés par le mandarin de la localité qui s’empressa de nous envoyer du riz, des poules et des œufs. Quels que fussent les malheurs des temps, l’hospitalité chinoise s’est toujours exercée envers nous d’une façon très-courtoise, et nous n’avons jamais eu, comme dans le Laos, en arrivant à une étape, à nous préoccuper du repas du soir.

Le 1er  novembre, nous nous remîmes en route et nous traversâmes successivement plusieurs petites vallées. Les chaînes de collines qui les séparaient étaient couronnées de forêts de pins, dans lesquelles la hache faisait chaque jour de rapides ravages. En raison