Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/13

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tout asservir ; s’il s’élance dans les Gaules, c’est pour acquérir des richesses par le pillage[1] ou des soldats dévoués à ses projets ; s’il traverse la mer pour porter les aigles romaines dans un pays inconnu, mais dont la conquête affermira celle des Gaules[2], c’est pour y chercher des perles qu’on croyait exister dans les mers de la Grande-Bretagne[3]. Si, après avoir vaincu les redoutables ennemis de l’Italie au delà des Alpes, il médite une expédition contre les Parthes pour venger la défaite de Crassus, c’est, disent certains historiens, que l’activité convenait à sa nature et qu’en campagne sa santé était meilleure[4] ; s’il accepte du sénat avec reconnaissance une couronne de lauriers et qu’il la porte avec fierté, c’est pour cacher sa tête chauve ; si, enfin, il a été assassiné par ceux qu’il avait comblés de ses bienfaits, c’est parce qu’il voulait se faire roi ; comme s’il n’était pas pour ses contemporains ainsi que pour la postérité plus grand que tous les rois ! Depuis Suétone et Plutarque, telles sont les mesquines interprétations qu’on se plaît à donner aux choses les plus nobles. Mais à quel signe reconnaître la grandeur d’un homme ? À l’empire de ses idées, lorsque ses principes et son système triomphent en dépit de sa mort ou de sa défaite. N’est-ce pas, en effet, le

  1. Suétone, César, xxii.
  2. « César résolut de passer dans la Bretagne, dont les peuples avaient, dans presque toutes les guerres, secouru les Gaulois. » (César, Guerre des Gaules, IV, xx.)
  3. Suétone, César, xlvii.
  4. Appien, Guerres civiles, I, cx, 326, édition Schweighæuser.