Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/31

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mœurs et à élever les esprits[1], de l’autre il facilitait merveilleusement le jeu des institutions, et conservait aux hautes classes leur influence.

La religion accoutumait aussi les peuples du Latium à la suprématie romaine ; car Servius Tullius, en leur persuadant de contribuer à l’élévation du temple de Diane[2], leur faisait, dit Tite-Live, reconnaître Rome pour leur capitale, prétention qu’ils avaient tant de fois combattue par les armes.

L’intervention supposée de la divinité permettait, dans une foule de cas, de revenir sur toute décision gênante. Ainsi, en interprétant le vol des oiseaux[3], la manière dont mangeaient les poulets sacrés, les entrailles des victimes, la direction des éclairs, on annulait les élections, ou bien on éludait ou l’on retardait les délibérations soit des comices, soit du sénat. Personne ne pouvait accepter de fonctions, pas même le roi monter sur le trône, si les dieux n’avaient manifesté leur adhésion par des signes réputés certains de leur volonté. Il y avait des jours fastes et néfastes ; dans ces derniers il n’était permis ni aux juges de tenir audience, ni au peuple de s’assembler[4]. Enfin, on pouvait dire, avec Camille, que la ville était fondée sur la foi des auspices et des augures[5].

  1. « Ce recours aux avis des prêtres et l’observation du culte firent oublier au peuple ses habitudes de violence et son goût pour les armes. Les esprits, sans cesse occupés d’idées religieuses, reconnurent l’intervention de la Providence dans les choses humaines, et tous les cœurs furent pénétrés d’une piété si vive, que la bonne foi, que la fidélité au serment régnaient dans Rome plus que la crainte des lois et des châtiments. » (Tite-Live, I, xxi.)
  2. Tite-Live, I, xlv.
  3. « Assemblées du peuple, levées des troupes, enfin les opérations les plus importantes étaient abandonnées, si les oiseaux ne les approuvaient pas. » (Tite-Live, I, xxxvi.)
  4. « Numa établit aussi des jours fastes et des jours néfastes, car avec le peuple un ajournement pouvait quelquefois être utile. » (Tite-Live, I, xix.)
  5. « Nous avons une ville fondée sur la foi des auspices et des augures ; pas