Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 1, Plon 1865.djvu/67

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lité et la liberté, mais les mœurs laissaient les honneurs et la prépondérance à la classe élevée. L’admission aux emplois n’était plus interdite aux plébéiens, mais l’élection les en écartait presque toujours. Pendant cinquante-neuf années, deux cent soixante-quatre tribuns militaires remplacèrent les consuls, et dans ce nombre on compte seulement dix-huit plébéiens ; lors même que ces derniers purent prétendre au consulat, le choix tomba, le plus souvent, sur des patriciens[1]. Depuis longtemps le mariage entre les deux ordres se concluait sur un pied d’égalité, et cependant les préjugés de caste étaient loin d’être détruits en 456, comme le prouve l’histoire de la patricienne Virginia, mariée au plébéien Volumnius, et que les matrones repoussèrent du temple de la Pudicitia patricia[2].

Les lois protégeaient la liberté ; mais elles étaient rarement exécutées, comme le témoigne le renouvellement continuel des mêmes règlements. Ainsi en 305 on avait décidé que les plébiscites auraient force de loi, et malgré cela on se crut obligé de rappeler la même disposition par les lois Hortensia, en 466, et Mænia, en 468. Cette dernière sanctionnait en outre de nouveau la loi Publilia de 415. Il en fut de même de la loi de Valerius Publicola (de 246), qui autorisait à en appeler au peuple des sentences des magistrats. Elle semble avoir été remise en vigueur par Valerius et Horatius en 305, et plus tard par Valerius Corvus en 454. Et, à ce propos, le grand historien romain s’écrie : « Je ne puis m’expliquer ce fréquent renouvellement de la même loi qu’en supposant que le pouvoir de quelques grands parvenait toujours à triompher de la liberté du peuple[3]. » L’admissibilité au sénat était reconnue en principe, cepen-

  1. En quatorze ans, de 399 à 412, les patriciens ne laissèrent arriver que six plébéiens au consulat.
  2. Tite-Live, X, xxiii.
  3. Tite-Live, X, ix.