Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/182

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impossible qu’ils eussent abordé dans les petits ports de pêcheurs de Hardelot et de Camiers. (Voir planche 16.)

On voit par ce qui précède que le port de Boulogne répond au texte des Commentaires. Mais la raison péremptoire pour laquelle, à notre avis, le port où s’embarqua César est certainement celui de Boulogne, c’est qu’il eût été impossible de préparer sur tout autre point de cette côte une expédition contre l’Angleterre, Boulogne étant le seul lieu qui réunît les conditions indispensables pour le rassemblement de la flotte et l’embarquement des troupes. En effet, il fallait un port capable de contenir, soit quatre-vingts bâtiments de transport et des galères comme dans la première expédition, soit huit cents navires comme dans la seconde, et assez étendu pour permettre aux bâtiments de s’approcher des rives et d’embarquer les troupes dans une seule marée. Or ces conditions ne pouvaient être remplies que là où une rivière assez profonde, débouchant dans la mer, formait un port naturel ; et, sur la partie des côtes la plus rapprochée de l’Angleterre, on ne trouve qu’à Boulogne une rivière, la Liane, qui présente tous ces avantages. D’ailleurs, il ne faut pas l’oublier, toute la côte a été ensablée. Il paraît qu’il n’y a pas plus d’un siècle et demi que le bassin naturel de Boulogne a été comblé en partie, et, d’après la tradition et les observations géologiques, la côte s’avançait à plus de deux kilomètres, formant deux jetées entre lesquelles la marée montante remplissait la vallée de la Liane jusqu’à quatre kilomètres dans les terres.

Aucun des ports situés au nord de Boulogne ne pouvait servir de base à l’expédition de César, car aucun ne pouvait recevoir un si grand nombre de bâtiments, et on ne saurait admettre que César les ait laissés en pleine côte, pendant près d’un mois, exposés aux tempêtes de l’Océan, qui lui furent si funestes sur les rivages de Bretagne.