Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/316

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lacés ; quiconque s’y engageait se blessait à leurs pointes aiguës ; on les appelait cippi. En avant de ces sortes d’abatis on creusa des trous de loup (scrobes), fossés tronconiques, de 3 pieds de profondeur, disposés en quinconce. Au centre de chaque trou était planté un pieu rond, de la grosseur de la cuisse, durci au feu et pointu par le haut ; il ne dépassait le sol que de quatre doigts. Pour consolider ces pieux on les entourait à la base d’un pied de terre fortement foulée ; le reste de l’excavation était recouvert de ronces et de broussailles, qui cachaient le piège. Il y avait huit rangs de trous, à trois pieds de distance l’un de l’autre ; on les appelait lis (lilia), à cause de leur ressemblance avec la fleur de ce nom. Enfin en avant de ces défenses furent plantés, jusqu’à ras de terre, des piquets d’un pied de long, sur lesquels on enfonça des fers en forme d’hameçons. On plaça partout, et très-près l’une de l’autre, ces sortes de chausse-trapes qu’on nommait stimuli[1].

Ce travail achevé, César fit creuser des retranchements à peu près semblables, mais du côté opposé, pour résister aux attaques du dehors. Cette ligne de circonvallation de quatorze milles de circuit (21 kil.) avait été tracée sur le terrain le plus favorable en se conformant à la nature des lieux. Si la cavalerie gauloise ramenait une armée de secours, il voulait par là empêcher celle-ci, quelque nombreuse qu’elle fût, d’envelopper les postes établis le long de la contrevallation. Afin d’épargner aux soldats les dangers qu’ils auraient courus en sortant des camps, il ordonna que chacun se pourvût de vivres et de fourrages pour trente jours. Malgré cette précaution, l’armée romaine souffrit de la disette[2].

  1. On a retrouvé dans les fouilles d’Alise cinq stimuli, dont le dessin est figuré planche 27). Les noms nouveaux que donnèrent les soldats de César à ces défenses accessoires prouvent qu’elles étaient employées pour la première fois.
  2. Cela ressort d’un passage de la Guerre civile, III, xlvii.