Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/393

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on peut le conjecturer d’après les événements qui en furent la conséquence immédiate. Il est évident d’abord que Crassus et Pompée, brouillés naguère, furent réconciliés par César, qui, sans doute, fit valoir à leurs yeux les raisons les plus capables de les rapprocher : « l’intérêt public exigeait leur réconciliation ; seuls ils pouvaient mettre un terme à l’état d’anarchie qui désolait la capitale ; dans un pays livré à des ambitions vulgaires, il fallait pour les dominer des ambitions plus grandes, mais plus pures et plus honorables ; ils devaient bien le voir, ce n’étaient pas des hommes tels que Cicéron, avec ses tergiversations, sa couardise et sa vanité, ni Caton avec son stoïcisme d’un autre âge, ni Domitius Ahenobarbus avec sa haine implacable et ses passions égoïstes, qui ramèneraient l’ordre et rallieraient les esprits divisés. Afin d’obtenir ces résultats, il fallait que Crassus et Pompée se missent résolument à briguer le consulat[1]. Quant à lui, il ne demandait qu’à rester à la tête de son armée et à terminer la conquête qu’il avait entreprise. La Gaule était vaincue, mais non soumise. Plusieurs années étaient encore nécessaires pour y asseoir la domination romaine. Ce peuple léger et belliqueux, toujours prêt à la révolte, était sourdement excité et ouvertement soutenu par deux nations voisines, les Bretons et les Germains. Dans la dernière guerre contre les Belges, les promoteurs du soulèvement, de l’aveu des Bellovaques, avaient bien montré, en se réfugiant dans l’île de Bretagne après leur défaite, d’où venait la provocation. Aujourd’hui encore, l’insurrection que préparaient les peuplades vénètes, sur les rives de l’Océan, avait pour instigateurs les mêmes insulaires. Quant aux Germains, la défaite d’Arioviste ne les avait pas découragés, et plusieurs contingents de cette nation se trouvaient naguère mêlés aux troupes

  1. Voyez Suétone, César, xxiv. — La preuve que ce plan venait de César, c’est que Pompée et Crassus n’avaient encore pris aucune mesure pour préparer leur élection.