Page:Louis Napoléon Bonaparte - Histoire de Jules César, tome 2, Plon 1865.djvu/578

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vint au sénat pour frapper aussi la victime, mais il accepta la mission d’aller engager le dictateur, qui hésitait, à se rendre dans la curie (Dion-Cassius, XLIV, xiv, xviii. — Appien, Guerres civiles, II, cxv. — Plutarque, César, lxx.) En butte à la haine publique (Cicéron, Philippiques, X, vii), et intimidé par les menaces d’Antoine, il quitta Rome pour aller prendre possession de la province que César lui avait fait assigner. (Cicéron, Lettres à Atticus, XIV, xiii.)

Il paraît d’ailleurs n’avoir agi qu’assez mollement en faveur du parti qu’il avait embrassé. Antoine s’étant fait donner par le peuple, en échange de la Macédoine, la province que Brutus commandait (Appien, Guerres civiles, III, xxx), ce dernier se refusa à abandonner son gouvernement, et, appuyé par Cicéron, il obtint du sénat un édit qui le lui maintenait (Cicéron, Philippiques, III, iv. — Appien, Guerres civiles, III, xlv) ; ce qui amena une lutte à main armée entre les deux compétiteurs. Poursuivi par son rival, Brutus se jeta dans Modène et y soutint un long siège (Appien, Guerres civiles, III, xlix. — Tite-Live, Epitome, CXVII), qui eut pour résultat final la bataille célèbre où Antoine fut défait. D. Brutus, effacé par de nouveaux acteurs dans ce drame sanglant, y demeura presque simple spectateur. (Dion-Cassius, XLVI, xl.) Il se rangea alors du côté d’Octave, sans toutefois que le rapprochement de ces deux hommes ait été bien étroit et bien sincère. Il continua à exercer un commandement important pendant la guerre, mais la fortune ne tarda pas à lui devenir contraire. Pressé par Antoine, qui s’était uni à Lépide, menacé personnellement par les poursuites qu’Octave, armé de la loi Pedia, dirigeait contre les meurtriers de César (Tite-Live, Epitome, CXX. — Dion-Cassius, XLVI, liii), il se vit abandonné de ses troupes, et, après avoir vainement tenté de passer en Macédoine, il se dirigea avec une faible escorte vers Aquilée ; mais un chef gaulois, Camillus, trahit à son égard les droits de l’hospitalité, le retint prisonnier, et manda à Antoine ce qu’il avait fait. L’ancien lieutenant de César expédia aussitôt Furius avec des cavaliers, qui tuèrent Brutus et lui rapportèrent sa tête (Appien, Guerres civiles, III, xcvii-xcviii. — Velleius Paterculus, II, lxiii-lxiv.) Brutus a été l’un des correspondants de Cicéron, qui lui donne des éloges, notamment sur sa constance dans l’amitié, éloges dont il était assurément peu digne.


8. — PUBLIUS SULPICIUS RUFUS.

Publius Sulpicius Rufus, qui appartenait à la même famille que S. Sulpicius Galba, servit, en 705, la cause de César en Espagne (César, Guerre civile, I, lxxiv) ; il commanda, l’année suivante, avec le titre de préteur, la flotte qui croisait à Vibo, sur la côte du Bruttium (César, Guerre civile, III, ci), plus tard il obtint le gouvernement d’Illyrie, contrée où il avait fait la guerre dans les rangs des Césariens, et succéda conséquemment à Q. Cornificius (César, Guerre d’Afrique, x. — Guerre d’Alexandrie, xlii.) Une lettre de Cicéron, à lui adressée (Lettres familières, XIII, lxxxvii), montre qu’il était encore