Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/124

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— Je vais « t’enseigner » un lièvre.

Un tel tuyau se récompensait habituellement par l’offre d’une bouteille, et les malins, après avoir passé chez l’un, se rendaient chez l’autre, de sorte qu’ils profitaient, le vin étant assez rare alors dans les ménages, de deux bouteilles au lieu d’une.

Le renseignement connu, les deux amis jouaient au plus habile. Rivaux comme tous bons chasseurs, c’était à qui raserait à l’autre le lièvre indiqué, et le roulé subissait naturellement les quolibets du vainqueur.

Le gros Léon, se montrant plus généreux, avait généralement de meilleurs tuyaux que son confrère, lequel, en secret, lui gardait bien un peu rancune de la chose. D’ailleurs les indicateurs, gens avisés, avaient haussé peu à peu le taux de leurs renseignements. S’ils commençaient par réclamer un litre pour prix de leurs démarches et observations, dès que ledit flacon était liquidé, ils en faisaient venir un deuxième, un troisième et même, si le temps point trop ne les pressait, un quatrième et un cinquième, menaçant, au cas où Léon eût fait de la « rebiffe » et au mépris des conventions, d’aller, séance tenante, révéler l’existence de l’oreillard au gros Zidore.

Pour empêcher une telle révélation, Léon eût vidé son tonneau. Au bout d’un certain nombre de litres, il n’était d’ailleurs plus nécessaire de