Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/132

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tion sans compter l’impôt et la nourriture des chiens.

— Comment vas-tu le tuer, interrogea Zidore ?

— Avec une trique, expliqua Bati ; j’vais l’assommer à coups de rondins sur la tête ou sur l’échine.

— Mais c’est idiot, se récria Léon.

— C’est criminel, renchérit Zidore. On ne tue pas une bête sauvage de cette façon ; il faut lui flanquer un bon coup de fusil dans les côtes : c’est plus humain !

À cette affirmation de sentiments humanitaires, Bati ne contredit point, mais il objecta simplement qu’il n’avait pas de flingot.

— Ne sommes-nous pas là ? ripostèrent les deux autres. Si tu veux, nous allons revenir dans quelques minutes ; tu attacheras ton renard à un piquet et on te le fusillera à trente mètres.

— C’est peut-être un peu loin, émettait le traqueur !

— Tu ne voudrais pourtant pas qu’on le massacrât ! Tirer plus près, ce serait un assassinat.

— Va pour trente mètres ! approuva Bati, vaincu par ces scrupules et que la corvée d’assommer une bête à coups de trique n’enchantait au fond que tout juste.

La nouvelle fut bientôt connue et tous les gosses du pays ainsi que de nombreux amateurs revinrent avec les deux chasseurs devant la porte de