Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/133

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la cuisine où le malheureux condamné, tremblait, hérissé, les dents claquant, attendant qu’on l’exécutât.

À un petit chêne, au milieu du terrain communal, le grand Bati s’en fut attacher son prisonnier, puis se retira tandis que tout le monde se massait derrière les deux chasseurs qui apprêtaient leurs armes.

— N’approchez pas trop, recommanda Zidore : vous nous chargeriez la main !… Tu tireras le premier, ajouta-t-il en s’adressant à Léon ; moi, je resterai en réserve au cas où tu le manquerais.

— Le manquer ! se rebiffa gros Léon. Pour qui que tu me prends, par hasard ?

— Tire donc, fit Zidore de son air goguenard.

Au bout de sa ficelle, le renard se secouait et se démenait comme un possédé.

— La corde est bonne, rassurait Bati, et le nœud est solide.

Sa casquette en arrière, le coude haut, les jambes écartées selon les principes acquis jadis au trente-cinquième d’Infanterie, Léon ajustait la bête tandis que les gamins se bouchaient d’avance les oreilles tout en écarquillant les yeux.

— Baoum ! Un coup formidable retentit.

Le renard, affolé par le sifflement des plombs, donna une si furieuse secousse que la corde, à moitié coupée par la décharge, se rompit net et qu’il prit la fuite.