Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/135

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nément, mais le vieux renard qui n’avait pas mis ses quatre pieds dans le même sabot, était déjà loin.

— Nom de D… ! C’est de ta faute, rageait Léon !

— Pas vrai, c’est de la tienne !

Bati ne l’entendait pas ainsi :

— Vous m’avez fait perdre mon renard, ça ne passera pas comme ça ! ah, mais non ! La peau valait bien quinze francs. Faut me les payer ou je vais au juge de paix. Et la prime donc ! Quarante sous ! C’était une femelle.

— Dis rien, on te le remboursera, concilia Léon.

— Tu le rembourseras, précisa Zidore, parce que si tu n’avais pas coupé la ficelle, moi, je ne l’aurais pas manqué.

— Des nêf’es, t’avais qu’à tirer le premier ! Tu m’as émotionné en me disant que je le manquerais.

— Oui ou non, me payerez-vous ? insista Bati.

— On te réglera ça, répondirent-ils pour ne pas prolonger une discussion qui faisait pleuvoir sur eux les railleries et les quolibets.

— Ce qu’il doit rigoler, le renard !

— Voilà comment on se monte un petit trousseau.

— C’est vrai, se ressouvint Bati, et mon tire-jus, et ma corde ! C’est vingt sous de plus, une corde toute neuve !

— C’est bon ! c’est bon ! tais-toi !

Bati, rassuré se calma ; mais pendant ce temps Gibus regardait Pigi et Pigi regardait Gibus et les