Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/144

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était bizarre : elle n’était pas verrouillée alors qu’elle aurait dû l’être à double tour.

Ferréol qui, pour la circonstance, s’était muni d’une forte gaffe de fer, s’exclama, furibond :

— Pourvu que cette fripouille de Cacaine ne nous ait pas flanqué un chien crevé dans le réservoir !

Et il jeta la sonde, qu’il promena sur le fond. L’exploration ne dura pas longtemps.

Ferréol soudain blêmit : il venait de toucher quelque chose de volumineux et de pesant ; on dut l’aider à retirer son crochet alourdi du poids mystérieux qui y était suspendu.

— C’est bizarre, remarquait le médecin. Un corps d’animal noyé devrait presque flotter sur l’eau.

Le groupe anxieusement suivait la perche, qui peu à peu remontait.

Tuméfiée, méconnaissable, la masse informe d’un corps violacé, noirâtre, aux chairs blettes, tombant en décomposition creva la surface sombre et bouillonnante du liquide et l’on vit un homme aux cheveux et à la barbe rongés sur la face duquel nul d’abord n’aurait pu mettre un nom.

On recula et il n’y eut, parmi tous ceux qui étaient présents, qu’un même cri d’horreur. Blêmes, hâves, les notables de Velrans faisaient de violents efforts pour ne pas vomir.