Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/173

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Comme il était assez rare que le nid contînt plus de cinq petits, le der ou dernier « se bombait » généralement. Selon les lois de l’expérience et d’une sage approximation, les trois premiers étaient sûrs, le quatrième avait de fortes chances et pouvait espérer, quant au cinquième ses espérances se trouvaient considérablement amoindries. On pouvait d’ailleurs échanger son numéro comme on vend un billet de loterie et, quand tous étaient réunis au pied de l’arbre, avant la montée, on troquait, on marchandait, on vendait :

— Je te passe ma place contre la tienne, proposait habituellement le quatre au cinq.

— Allez !

— Seulement, tu me donneras quat’billes et une agate !

— Quatre billes et une agate ! ben, mon cochon, t’en as du culot ; j’te donne deux billes et une blanche, voilà. J’sais pas ce qu’y a dans c’nid : on n’a pas seulement vu la mère. S’il était coucouté ?

— Ou s’il est parti, appuyait un copain !

— Voui, mais s’il y a quatre beaux petits bien drus, qui c’est qui sera le c… s’il n’a pas fait le marché ?

— Et s’il n’y en a que trois ?

— Veux-tu pour quat’billes ?

— Non, deux !