Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’était monté à l’arbre et avait dégringolé. D’oiseaux, il n’en avait point entre sa chemise et sa peau, dans « ses estomacs » comme on disait ; mais le nid vide était à côté de lui et, au fond de sa poche, un œuf d’agace, pourri, cassé qui poissait la doublure et empestait.

— Bon Dieu ! il est peut-être tué !

La Crique tâta le cœur qui battait encore lentement.

— Non, affirma-t-il !

On se mit à frictionner vigoureusement le blessé ; on lui versa de l’eau froide sur la figure et Gambette, ayant gardé dans son bissac un peu de vin qui lui restait de son déjeuner, approcha le goulot de sa petite bouteille des lèvres de Camus qui ouvrit enfin les yeux.

D’un œil ahuri il regarda les copains, puis se souvint sans doute, porta les mains à son derrière qui lui cuisait et se tâta les côtes en faisant la grimace :

— Ben, m… ! affirma-t-il en guise de remerciement, j’y irai pus aux nids !

Voyant qu’il en était quitte pour la peur, les quatre associés qu’il avait voulu flouer l’attrapèrent véhémentement :

— Ça t’apprendra, bougre de cochon !

— C’est bien fait, tu l’as pas volé !

— Tu recommenceras, sale barboteur !

— C’est le bon Dieu qui t’a puni !