Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/181

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gnes d’eux les amusements habituels des gosses. La vérité est qu’en tout ils auraient voulu dominer, être les premiers, être chefs, et que ni Lebrac, ni Camus, forts du sentiment populaire qui les avaient portés à ces dignités, n’avaient l’intention de leur céder ces postes d’ailleurs tenus par eux avec une majesté en tout digne de l’investiture dont ils avaient été revêtus.

Les Grangers avaient encore contre eux ceci qu’en un grand nombre de circonstances ils semblaient favorisés par une chance qui était au moins insolente pour les camarades.

Quand il se trouvait, par hasard, qu’un d’entre eux fût compromis, en classe, dans une affaire de bavardage, discussion ou jeu défendu, il arrivait toujours, prenant un air de sainte-nitouche, à s’en tirer sain et sauf, tandis que les copains, eux, ne manquaient pas d’écoper pour lui.

— C’est des veinards ! disait avec une amertume dégoûtée, Tintin, de l’air dont il eût dit : C’est des salauds !

Cette veine était réelle, et lorsque l’entrain d’une partie et la joie contagieuse des joueurs les poussaient à se mêler aux groupes, ce qu’on ne leur demandait jamais, ils échappaient presque toujours aux coups sournois qui leur étaient destinés.

Encore dans la dernière bataille à coups de boules de neige, lorsqu’ils se furent joints à la bande