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LA VENGEANCE DU PÈRE JOURGEOT


Par un entrebâillement de rideaux, un rayon de soleil planta dans la pièce sa lance d’or, et son éclat, entourant comme d’un trait lumineux les masses confuses des meubles grossiers, sembla transformer la chambre du poêle du père Jourgeot.

L’atmosphère était chaude et pesante. Des racines coupées et des feuilles de betteraves, bouillant dans une marmite sur le feu, mêlaient leur parfum âcre à l’odeur de renfermé qui semblait stagner dans les encoignures. Les vitres embuées mettaient une doublure de mousseline à la translucidité des rideaux de cretonne blanchissant avec la lumière levante. On n’entendait que le roulement monotone de l’eau heurtant à petits coups semi-métalliques le couvercle en fonte de la marmite et le battement régulier de la vieille horloge comtoise dont l’énorme lentille de cuivre s’avivait avec le flot de soleil qui déferlait en chatoyant.

Silencieusement, repoussant d’une main ridée