Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/196

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Plus intrigué que jamais il rentra à la cuisine et, pour aller visiter les bêtes, passa sans délai à l’écurie. Les bœufs et les vaches se portaient bien, mais il remarqua que la porte de dehors n’était fermée qu’au loquet alors que, la veille au soir, il était sûr d’avoir poussé le verrou.

— Elle avait donc été ouverte.

Oui, elle l’avait été certainement, car si retirer un verrou est un acte machinal que sa femme avait pu accomplir sans s’en apercevoir, comment expliquer que le bruit de fermeture entendu distinctement par lui ait pu coïncider avec la rentrée de sa conjointe dans la cuisine.

— Tout cela est louche, conclut le père Jourgeot, et m’est avis qu’il faut ouvrir l’œil, et le bon.

Les histoires du grand Louis lui revinrent à l’esprit et il se prit à envisager, non sans ennui, l’embêtement qu’il y aurait à se trouver dans l’un de ces cas si pénibles et si ridicules, prévus et exposés naguère par son ami.

— Le mieux d’abord, pensa-t-il, pour ne pas donner l’éveil, est de continuer comme devant. Et rien en effet dans son langage, pas plus que dans ses silences ni dans son attitude, ne décela à sa bourgeoise qu’il avait les sens aux aguets et faisait bonne garde.

Quelques jours se passèrent, pas beaucoup, une petite semaine à peine, et le père Jourgeot fut