Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/222

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comme un mineur qui délaisse pour une veine plus riche un filon appauvri ou épuisé.

Mimile alors levait la tête, surveillant attentivement les évolutions de la bête, et, quand il la voyait tendre le museau du côté de la haie voisine, par un ou plusieurs vigoureux claquements de fouet, la rappelait à l’ordre et au sentiment de la discipline.

Il venait par cet infaillible procédé de faire rentrer dans le cerveau du Frisé, toujours prêt à chercher ailleurs ce qu’il avait devant lui, la perception des saines doctrines et, tranquillisé pour un temps, se remettait à l’œuvre, qui prenait bonne tournure, quand, du sentier qui à travers bois conduit à la ferme de la Bouloie en passant par les enclos, déboucha Le Rouge, un bâton à la main et son baluchon sur l’épaule.

— Tiens, pensa-t-il, il fait sa tournée pour les allumettes.

Le Rouge, dans le pays, était connu de tous, les gosses n’avaient pas peur de lui, car, malgré sa réputation de braconnier, de contrebandier, d’ivrogne et de « goûillaud », comme on disait, il n’avait jamais fait de mal à personne et si l’on pouvait le soupçonner de quelques délits de maraude ou de petits vols champêtres, nul n’avait jamais eu directement à se plaindre de ses agissements.

Les gamins aimaient même assez à le rencon-