Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/230

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bousculant, parlant toutes à la fois, donnant leur avis :

— Faut pas la toucher avant que les gendarmes soient là !

— A-t-on prévenu le médecin ?

— Ah ! le brigand : il n’en réchappera pas.

— Sûr qu’on devrait lui couper le cou !

— Il ira au bagne et c’est bien fait ; c’est pas trop tôt qu’on débarrasse le pays de cette vermine ; quand on songe que ça aurait aussi bien pu nous arriver, à nous !

— Oh ! une femme peut toujours se défendre !

— Ah, vous croyez !

Mimile, durant ce temps, avait ramené à l'étable son troupeau et seul, son père se trouvant au nombre des traqueurs et sa mère parmi les curieuses, avait attaché chaque bête à la crèche par son lien de fer ou de corde ; puis, dévoré de curiosité, il était sorti bien vite et avait rejoint un groupe de quelques bambins de son âge, lesquels ayant entendu des lambeaux de phrases échappés à la conversation des parents, discutaient gravement de l’affaire.

— Alors, Le Rouge, i va aller en prison ?

— Oui, et la Tavie ?

— La Tavie, non ; pisque le maire a dit qu’elle avait pas de « décernement ».

— Ah !

— Tu sais rien, toi, Mimile ?