Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/231

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— Non !

— Pourtant, t’étais pas loin, t’as rien vu ?

— Rien du tout, affirma-t-il en rougissant légèrement, comme honteux d’en savoir moins que les autres.

— Ils disent qu’on devrait i couper le cou, au Rouge, pasqu’i s’a amusé avec la Tavie : s’amuser avec une gosse comme ça, que disait la mère Tintin, si c’est possible ! Las moi ! Doux Jésus !

— À quoi qu’i pouvait bien s’amuser ? Je croyais que les hommes i s’amusaient plus qu’en buvant et en jouant aux quilles.

— Mes vieux, vous savez, i devait faire des choses…

— Tu crois que les hommes i s’amusent encore comme ça ?

— Ça se pourrait bien, quand je suis couché et qu’on croit que je dors, j’ai entendu…

— Alors, pourquoi qu’ils ont couru après Le Rouge avec des fusils si eusses…

— C’est pasque c’est défendu tant qu’on n’a pas été soldat ; mon père me le dit bien, quand j’y demande du tabac : tu fumeras quand tu seras soldat.

— Alors, Le Rouge a fait des cochoncetés ?

Quelques traqueurs, le visage en sueur, revenaient déjà de leur chasse à l’homme et la discussion tomba, d’autant qu’on signalait d’autre part l’apparition des gendarmes.