Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

merait, il le conduirait, avec l’assistance judiciaire devant les tribunaux du chef-lieu et étalerait, aux yeux de tout l’arrondissement, sa cochonnerie, son vadrouillage et sa saleté !

— Combien qu’on va lui demander ? questionna la mère.

— Cinq mille balles, fixa le Carcan. C’est pas trop pour bien élever un enfant.

— Si on pouvait seulement en obtenir deux, reprenait-elle, un peu sceptique devant la possibilité de toucher d’un seul coup une si grosse somme !

— Ah, ça, non ! jamais ! protestait son homme. Non, sûrement non ! Je ne descendrai pas à moins de trois mille !

— Quand iras-tu ?

— Demain matin, sans faute.

— Allez, va te coucher, continua-t-il en s’adressant à sa fille. Ça ne sert à rien de pleurnicher comme tu le fais et du moment qu’on va arranger la chose…

Joséphine s’étant retirée, il reprit, s’adressant à sa moitié :

— Tu comprends, il vaut mieux qu’il en soit ainsi : avec les sous que nous allons recevoir du Pape, nous pourrons refaire la grange, repaver l’écurie et reblanchir la cuisine sans compter que si la parcelle de Gibus venait à se vendre, ça nous botterait joliment d’avoir quelques écus en poche