Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/257

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ternelle ». Quand il aurait « débarqué », il serait toujours temps de voir.

Donc quand le Carcan se présenta, contrairement aux prévisions faites, le Pape lui fit bon accueil.

— J’ai à te parler ! annonça le Carcan.

— Entre, répondit l’autre : on sera plus tranquilles dans la cuisine.

— Tu sais ce qui m’amène ?

— Je m’en doute un peu, reprit le Pape d’un air conciliant et résigné. On va régler la chose. Autant faire ça à l’amiable devant une bouteille de vin blanc que de se bouffer le nez.

— Bien sûr, bien sûr, reprit l’arrivant, enchanté de la tournure que prenait l’affaire.

Et sur une invitation aussi courtoise, trop honnête pour refuser, selon son expression favorite, il s’assit à la grande table sur laquelle le Pape déposa deux verres de bonne taille et quelques biscuits avant de descendre à la cave quérir deux litres.

Les verres étant emplis l’on trinqua et l’on but, puis il y eut entre les deux hommes un assez long silence lourd de gêne, durant lequel tous deux devaient évidemment chercher la phrase insidieuse qui leur permettrait d’aborder leur sujet.

Chacun tenant à rester sur la défensive, le silence se prolongeait quand le Carcan, pour rompre cette gêne, trouva un moyen terme et entama l’éloge du vin qui restait dans son verre. Cela lui