Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/258

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permit de le reporter à ses lèvres comme s’il eût voulu, par cette deuxième dégustation, acquérir la confirmation définitive de l’opinion qu’il venait d’émettre et qui ne demandait sans doute que quelques verres encore pour s’asseoir solidement.

L’autre saisit la balle au bond, puis parla des autres crus qu’il avait également en réserve dans sa cave et, puisqu’on était réunis — c’était l’occasion ou jamais — déclara qu’il allait les faire goûter à son interlocuteur.

Après le premier litre, le Carcan se sentait mieux, plein d’optimisme et enclin à penser que ce Pape qu’on lui avait représenté comme une sale fripouille, avait du bon tout de même.

Le vin rouge succéda au vin blanc et fut loué congrûment lui aussi, puis le blanc refit de nouveau son apparition, mais cette fois sous la forme d’une bouteille cachetée.

Cependant diverses femmes étaient venues à la boutique, et la sœur du Pape remplaçant provisoirement Joséphine les avait servies sans qu’aucun des buveurs se dérangeât. Très intriguées de voir l’entretien se prolonger si longtemps, elles auraient bien voulu pouvoir saisir, dans les phrases prononcées par les deux hommes quelque mot qui leur permît de préjuger du résultat final de l’entrevue afin de pouvoir annoncer immédiatement la nouvelle aux voisines allumées de curio-