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Le Mousse n’était pas foutu ! C’était un événement communal.

La bande joyeuse descendait, le ramenant dans ses foyers, tandis que La Moussotte, au milieu des femmes, passait par toutes les couleurs.

Les autres approchaient, goguenards, hurlant toujours, et bientôt les deux groupes s’affrontèrent, l’un joyeux et narquois, l’autre ahuri et digne.

Alors La Moussotte se détacha des femmes et, oubliant ses larmes et ses rudes émotions, se remémorant seulement sa livre de café filée, son kilo de sucre fondu, sa bouteille de goutte disparue, ses litres de vin liquidés, elle se campa devant son homme et lui rugit à la face :

— Brigand, canaille, gouillaud, voleur, soulaud ! Tout le répertoire y passa, glissant d’ailleurs sur la sérénité imperturbable, et le calme sourire du brave homme.

Quand sa digne conjointe se fut un peu calmée, toute la bande, invitée par le patron, entra dans la cuisine où Finaud, qui n’avait jamais été inquiet au sujet de son maître, vint avec joie lui lécher les mains.

Le Mousse en fut ému : il l’embrassa sur le crâne, se laissa lécher le nez et allait entamer l’éloge de cette bonne bête quand son épouse le relança.

Mais Julot lui coupa sans façon la parole :

— C’était bien la peine de pleurnicher comme