Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/54

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dans le sens de l’intolérance religieuse. Au début, il s’était demandé souvente fois si son indulgence n’était pas simplement une coupable faiblesse ; mais il s’était bien aperçu, aux résultats obtenus par quelques collègues intransigeants et sévères, que sa méthode, à lui, était la seule bonne à l’heure actuelle, puisqu’elle lui permettait, du moins, de rattraper au moment suprême les brebis perdues et de les remettre dans la bonne route.

D’autre part, cette mansuétude et cette bonté vraiment chrétiennes lui avaient assis, parmi les ouailles, une solide réputation de brave et d’honnête homme, malgré certaine histoire, scabreuse au premier abord, mais dont on connaissait le fin mot, et que faisaient courir dans la région les quatre ou cinq mauvaises langues citées plus haut.

Au fond, rien n’était plus simple ni plus innocent, oyez plutôt :

Un soir quelconque de mardi gras, le curé de Melotte, avec quelques amis, avait, comme tout le monde, un peu festoyé et mangé et bu un peu plus peut-être que de coutume. Ce très léger excès, péché de gourmandise dont il s’accusait d’ailleurs véhémentement, et duquel il n’était guère coutumier, l’avait vivement dérangé, de sorte que le lendemain, à l’heure de l’office, un accident subit le contraignit précipitamment à changer de pantalon. La messe du jour des Cendres finissait