Page:Louis Pergaud - Les Rustiques nouvelles villageoises, 1921.djvu/90

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même, elle devait exister, ils s’entêtèrent, et, à la queue-leu-leu, descendirent l’escalier qui menait au sous-sol.

Ainsi qu’il en est dans la plupart des maisons bâties dans le flanc de la colline, le sous-sol n’est qu’un demi sous-sol, c’est-à-dire qu’une partie se trouve en terre et l’autre à l’air libre. Une sorte de cellier précédant la cave occupait ce dernier emplacement. On y entra.

Devant une table, encombrée par un chanteau de pain, une demi-meule de gruyère et une innombrable quantité de bouteilles vides, les deux amis qu’on croyait morts devisaient paisiblement comme des sages. Sur le poêle, récemment allumé, dans une casserole, un morceau de viande achevait de se carboniser.

Car, étant arrivés à la croix du haut de la Côte, au moment où la discussion était palpitante, Étienne Lecourt avait décidé son camarade à l’accompagner jusqu’à Salins, l’invitant à partager fraternellement son pain, son fromage et un morceau de veau qu’il avait à rôtir.

Jacques Mirondeau avait accepté sans façons et depuis trois jours ils étaient là, discutant tour à tour littérature et musique devant la meule de fromage et les bouteilles de vin. Le paysan de Cornabeuf, pas plus que les gens de Salins, n’y avait rien vu, car chacun ignorait que le poète Lecourt, pour être plus près de sa cave, avait jugé