Page:Louis d Elmont Hallucinations amoureuses 1924.djvu/24

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Fernande, même à sa propre santé à lui-même… tant qu’il finit par rouler sous la table où il s’endormit du sommeil le plus profond.

Pendant ce temps, l’amie de Robert était montée à la chambre nuptiale et, tandis que M. Benoît se morfondait dans la pièce voisine, elle aidaït sa patronne d’un jour à se dévêtir.

Elle l’aidait lentement, tout en lui disant :

— Qu’est-ce qu’il va penser, lui qui te croit sage !

— Que tu es bête, ma pauvre petite ? Il ne pensera rien du tout, parce qu’il n’aura pas de désillusion… Au contraire…

Fernande était un peu interloquée.

Juliette se mit à rire.

— Voyons, c’est toi qui t’étonnes de cela… Ce serait malheureux, à notre époque où l’on remplace tout, si on ne pouvait pas remplacer également… une fleur d’oranger.

Fernande s’inclina, mais eut à son tour un sourire énigmatique :

— Ça n’était vraiment pas la peine, se dit-elle, de prendre ce soin là pour son mari, car le pauvre bougre, si tout marche bien, il ne s’en apercevra pas.

Pourtant, le directeur s’impatientait. Il commençait à trouver que sa jeune épouse le faisait beaucoup attendre et qu’il eût peut-être aussi bien que la femme de chambre, aidé Juliette à se dévêtir.

Il frappa donc à la porte de la chambre.

— N’entrez pas, dit la jeune femme… Je suis en corset…

— Justement… J’achèverai de vous déshabiller |

Et il poussa la-porte.

Juliette prit aussitôt un petit air effarouché.

— Oh ! Mon Dieu, dit-elle.

Et elle se cacha la figure dans ses deux mains, ce qui produisit la meilleure impression sur son mari, lequel pensa :

— Quelle pudeur !… Ce que c’est tout de même que les jeunes-filles !…

Mais cela ne lui donna que davantage le désir d’achever la toilette de nuit de son épouse, et, se tournant vers Fernande, il lui dit :

— Vous pouvez vous retirer ; Madame n’a plus besoin de vous ce soir…

Et Fernande s’en fut. Oh ! elle n’alla pas très loin… Non…

Elle se retira seulement de l’autre côté de la porte…

Car elle avait, il ne faut pas l’oublier, un rôle important à jouer.

Pour l’instant, elle devait surtout empêcher que M. Benoît ne poussât trop loin ses épanchements amoureux avec sa femme…