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DE L’ASTROLOGIE.

s’agitant, fissent sauter des pierres ou voler des brins de paille par le vent de leur course, et que la rotation des astres ne produisît aucun effet ? Le moindre feu nous envoie ses émanations, et cependant ce n’est pas pour nous qu’il brille et il se soucie fort peu de nous échauffer : pourquoi ne recevrions-nous aucune émanation des étoiles ? L’astrologie, il est vrai, ne peut rendre bon ce qui est mauvais : elle ne change rien au cours des événements, mais elle rend service à ceux qui la cultivent, en leur annonçant le bonheur à venir ; elle leur procure une joie anticipée, en même temps qu’elle les rend plus forts contre le mal. L’infortune, en effet, ne les surprendra pas sans qu’ils s’y attendent : la prévision, l’exercice, la rend plus facile et plus légère. Telle est ma façon de penser sur l’astrologie.



XXXVII

DÉMONAX.

1. Notre siècle devait donc avoir sa part d’hommes dignes de réputation et de mémoire, en produisant un héros d’une force de corps surnaturelle, et un philosophe d’une sagesse accomplie. Je parle de Sostrate le Béotien, que les Grecs appelaient Hercule, persuadés qu’il était ce demi-dieu lui-même, et du philosophe Démonax. Je les ai vus, je les ai admirés tous les deux, et j’ai même vécu assez longtemps avec le second. À l’égard de Sostrate, j’ai parlé de lui dans un autre ouvrage[1] : j’ai dit quelle était sa taille, sa forme prodigieuse, comment il demeurait en plein air sur le Parnasse, dormant sur le gazon, vivant d’une vie sauvage ; j’ai raconté ses actions, conformes au nom qu’il portait, comment il a détruit nombre de scélérats, ouvert des chemins à travers des lieux impraticables, établi des ponts sur des passages dangereux.

2. Il est juste de parler aussi de Démonax, et cela pour deux

  1. Cet ouvrage de Lucien n’existe plus ; mais on trouve un portrait détaillé de Sostrate, sous le nom d’Agathon, dans la Vie d’Hérode Atticus, par Philostrate.