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LE MAL DES ARDENTS

souvent : car il était admirablement accueilli chez les Rabevel, non pas seulement par gratitude, mais parce que ces libéraux révolutionnaires lui savaient gré d’être si grandement intelligent, tolérant, érudit, de ne pas oublier qu’il était un homme, de supporter à merveille la plaisanterie et, mieux encore, de savoir taquiner avec cette gentillesse qui fait de la raillerie le plus agréable des hommages.

Au déjeuner, il y eut une déception ; Noë n’avait pu joindre la personne. Mais il était certain de la trouver l’après-midi ; l’ennui c’est que sa journée était gâchée ; enfin, il fallait ce qu’il fallait. Mais le soir quand il rentra on ne vit que trop tout de suite à sa mine qu’il avait rencontré celle qu’il cherchait et qu’il ne rapportait rien de bon. Jérôme et Rodolphe mis au courant simultanément de la démarche et du résultat triomphèrent bruyamment ; si on les avait consultés, on ne serait pas allé au devant d’une humiliation ; mais au jour d’aujourd’hui c’étaient les plus jeunes qui voulaient tout savoir ; les hommes d’âge et d’expérience ne comptaient pas ; encore si la leçon pouvait servir ! Noë resta sombre ; il fut avare de détails.

— Oui, quand vous saurez qu’il y a du linge et du quibus, serez-vous plus avancés ? Ce qui est sûr c’est qu’elle ne veut pas entende parler de Bernard ; elle ne veut pas foncer un radis, pas pour ce qui est de la galette, qu’elle dit, elle s’en fout ; mais ça nécessite des relations, de la correspondance ; un beau jour ça se sait ; la voilà