Page:Lucrèce, Virgile, Valérius Flaccus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/119

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nante, et d’où il verse ses feux obliques sur les cieux et les terres. Ainsi le démontre ce plan des hommes qui ont dépeint toutes les régions du ciel, embellies de tous les astres rangés dans leur ordre. — Il se peut encore que l’air, plus épais dans certaines parties, arrête l’éclat tremblant du soleil, qui peut à peine le fendre et gagner son berceau : voilà pourquoi les nuits d’hiver sont longues et paresseuses à fuir, jusqu’à ce que le diadème étincelant du jour apparaisse ! — (5, 700) Il est possible même que les saisons influent tour à tour sur la vitesse de ces brûlants atomes qui amassent leurs vagues, et font jaillir le soleil à un point déterminé.

La lune doit peut-être son éclat aux rayons du soleil qui la frappent. Aussi, de jour en jour, tourne-t-elle vers nous une surface lumineuse d’autant plus grande qu’elle s’écarte plus du globe de l’astre, jusqu’au moment où, placée en face de lui, elle brille dans toute la plénitude de sa belle lumière, et, se levant radieuse et haute, elle le regarde se coucher. Il faut ensuite que, de la même façon, elle retire peu à peu et cache sa lumière, à mesure que son orbite la ramène de l’autre bout du zodiaque vers les feux du soleil. (5, 711) Voilà ce qu’ils font de la lune, ces hommes qui ne voient en elle qu’un ballon roulant sous le disque solaire ; et, à ce point de vue, ils ont assurément la vérité dans la bouche.

Mais qui empêche la lune de tourner avec sa lumière propre, et de fournir elle-même les diverses phases d’un éclat mobile ? Car il peut y avoir un autre corps qui l’accompagne flottant auprès d’elle, et qui lui fasse obstacle, qui lui fasse ombre sous mille aspects : corps invisible, parce qu’il marche dépourvu de lumière.

Elle peut rouler encore sous la forme d’une boule ronde (5, 720) dont la blanche lumière ne teint qu’une moitié à la fois, et qui engendre ses phases diverses en faisant tourner son globe. D’abord elle dirige vers nous le côté enrichi d’une teinte de feu, et son œil immense, tout grand ouvert. Ensuite, elle retourne peu à peu et nous dérobe la face lumineuse de son orbe. Tel est le système que les Chaldéens de Babylone essayent d’opposer victorieusement à la science des astronomes : comme si les deux opinions qui luttent n’avaient point une vraisemblance égale, et qu’on osât embrasser l’une plutôt que l’autre.

(5, 730) Enfin, est-il donc impossible qu’une lune nouvelle soit enfantée chaque jour, avec une suite réglée de formes et d’aspects divers, et que chaque jour la lune d’hier expire devant une autre qui naît de sa cendre et s’empare de son trône ? On est fort en peine d’argumenter à l’encontre, et de faire triompher sa parole, lorsqu’on voit tant de choses s’accomplir avec tant d’ordre.

Le Printemps accourt, et Vénus avec lui : messager du Printemps, à leur tête marche le Zéphyre ailé ; sous leurs pas Flore, riante déesse, parsème au loin la route qu’elle inonde des plus belles couleurs, des plus doux parfums ; (5, 740) vient ensuite l’aride Chaleur, escortée de la poudreuse Cérès, et du souffle des vents étésiens. Puis arrive l’Automne : Évoé ! Évoé ! Bacchus l’accom-