Page:Lucrèce, Virgile, Valérius Flaccus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/360

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endormis, appelé aux armes ses bataillons désaccoutumés de la guerre, et ressaisi le glaive. Il arme les Fescennins, les Falisques célèbres par leurs lois, ceux qui habitent les hauteurs du Soracte, les plaines de Flavinie, les bords montueux du lac Cimin, les bois de Capène. Tous marchaient en ordre, chantant les louanges de leur roi. Ainsi, à travers les cieux azurés, des cygnes au plumage de neige chantent (7, 700) en revenant des pâturages, et tirent de leurs longs gosiers des sons mélodieux ; le Caïstre en retentit, et les bords émus de l’Asia y répondent au loin. À leur nombre on croit voir, non pas des bataillons ramassés sous leurs armes d’airain, mais une nuée de ces oiseaux aux cris rauques, qui s’élevant de la haute mer va s’abattre sur le rivage.

Voici venir, à la tête d’une troupe nombreuse, Clausus, de l’antique race des Sabins ; lui seul vaut une armée. C’est de lui que sortent et la famille et la tribu Claudienne, encore aujourd’hui répandue par tout le Latium, depuis que Rome a associé les Sabins aux droits de ses enfants. (7, 710) Sous ses ordres marchaient les cohortes d’Amiterne, des Cures, pères des Quirites romains, d’Érétum, de Mutusca féconde en oliviers ; les peuples qui habitent Nomente, les humides campagnes du Vélino, les rochers affreux de Tétrica, le mont Sévère, les champs de Caspérie et de Forule ; ceux qui boivent les eaux de l’Himelle, du Tibre et du Fabaris ; ceux qu’ont envoyés la froide Nursie, le pays d’Horta, les cités Latines, et ceux que sépare de ses flots l’Allia, nom à jamais funeste. Aussi pressées sont les vagues que la mer de Libye roule vers le rivage, quand l’orageux Orion se plonge dans les ondes ; (7, 720) aussi serrés les épis que le soleil de ses feux renaissants brûle dans les plaines de l’Hermus ou dans les campagnes dorées de la Lycie. Leurs boucliers résonnent, et la terre émue tremble au loin sous leurs pas.

D’un autre côté arrive Halesus, fils d’Agamemnon, ennemi du nom troyen ; il a attelé ses coursiers à son char, et entraîne sous les drapeaux de Turnus cent peuples redoutables ; ceux qui promènent les râteaux le long des pentes du Massique, favorisées de Bacchus ; les Aurunces descendus de leurs hautes montagnes, les Sidicins venus de leurs plages ; ceux de Calès et des bords du Vulturne aux courants fangeux ; l’âpre Saticule (7, 730) et la troupe des Osques : ils sont armés de courts javelots, mais que rattachent à leur main de souples lanières ; un petit bouclier couvre leur bras gauche, et de près ils combattent avec des glaives recourbés.

Je ne t’oublierai pas non plus dans mes vers, illustre Œbale, toi, dit on, le fils de la nymphe Sébéthis et du vieux roi Telon, qui régnait sur les Téléboens de Caprée. Mais Œbale ne s’était pas contenté du royaume paternel ; et déjà il étendait sa domination sur les Sarrastes, sur les plaines qu’arrose le Sarno, sur les peuples de Rufras, de Batule, de Célenne, (7, 740) et sur ceux que regarde du haut de ses remparts Abella, si fertile en fruits. Leurs armes sont un lourd javelot qu’ils lancent à la manière des Teutons, des casques faits d’é-