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LIVRE TROISIÈME


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L’ÂME ET LA MORT



Toi qui, sur tant de nuit versant tant de lumière,
Le premier, de la vie éclairas la carrière,
J’ose poser mes pas aux traces de tes pas,
J’ose te suivre, honneur de la Grèce ! non pas
En rival, mais en fils, en disciple fidèle.
Et qui pourrait au cygne égaler l’hirondelle,
Ou les bonds des chevreaux, vacillant sur leurs pieds
Timides, à l’élan vigoureux des coursiers ?
Toi seul es l’inventeur, et tes livres sublimes
D’un père à ses enfants nous lèguent les maximes.
Au sein des fleurs l’abeille aspire son trésor :
Ainsi je me nourris de toi, de ton miel d’or,
Oui, plus digne que l’or d’une éternelle vie.

Dès que la vérité par ta bouche nous crie
Que l’immense univers n’est point l’œuvre des dieux,