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DE LA NATURE DES CHOSES

N’en présente beaucoup et d’aussi singuliers.
1080Vois comme par la chaux les moellons sont liés ;
Vois la colle de bœuf et les ais qu’elle enchaîne ;
Le bois éclaterait plutôt par quelque veine
Que de rompre le nœud du subtil scellement.
Le vin dans l’eau versé s’y mélange aisément,
Mais non la poix, trop lourde, ou l’huile, trop légère.
Le murex à la laine étroitement adhère ;
La pourpre indissoluble à chaque fil se joint,
Et Neptune obstiné ne la déteindrait point,
Non, dût-il jusqu’au fond vider son gouffre énorme !
Mêlé d’étain, le cuivre en airain se transforme ;
Le mercure aux contours incruste et fixe l’or.
Que d’exemples pareils je citerais encor !
Mais en ces longs détours pourquoi m’attarderais-je ?
Tu n’en as pas besoin. Il est temps que j’abrège,
En formulant la loi qui régit ces accords.

L’amalgame complet s’opère entre deux corps,
Quand le vide s’oppose au plein, le plein au vide,
Ou qu’entre leurs tissus un système solide
De crochets et d’anneaux s’engrène intimement.
1100Et c’est ici le cas du fer et de l’aimant.

Maintenant, je dirai les fièvres et les pestes,
Quel morbide pouvoir, quels miasmes funestes,
Portent soudain la mort dans les rangs des vivants.
Parmi les corps sans nombre errants avec les vents,
Les uns sont les gardiens, les agents de la vie ;
Mais par d’autres la mort à son tour est servie,