Page:Lumet - La Vie d’un, 1897.djvu/86

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sion, de tout son sexe pour s’anéantir dans ce baiser.

Il dit, bégayant : « je t’attendrai là ».

Elle fit signe de la tête qu’elle reviendrait là : et il attendit. Tout un vol d’aubes et de sérénités graves l’assaillit, des vierges, des fiancées, de la pudeur, des mères, des amantes. Ces visions narquoises le harcelaient, acérées, et il grinçait des dents, crispé dans un aigu désir de meurtre. Il tuerait un mâle, un de ces mâles menteurs qui proposent à l’ingénuité des amours neuves la fleur des idylles, un de ces mâles hideux, bavant de luxure, reniflant les jupes, comme des chiens au cul des chiennes. La rue, les passants tourbillonnaient ; il défaillait, la langue sèche, collée au palais ; ses yeux