Page:Lusson - Projets de trente fontaines pour l’embellissement de la ville de Paris.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
TABLEAU HISTORIQUE

en 1719, en même temps que le Château-d’Eau de la place du Palais-Royal ; enfin les cinq que, le 1er juin de cette même année 1719, il fut arrêté, dans le conseil présidé par le roi, que l’on élèverait dans le faubourg Saint-Antoine qui n’en avait encore aucune. Ces cinq fontaines sont celles Basfrois, Trogneux, de la Petite-Halle, du coin de la rue des Tournelles, et une rue de Charenton, près les Anglaises. Le manque de moyens de les alimenter fit différer leur construction ; du moins, en 1724, trois seulement étaient alors livrées au public. Vers cette même époque on refit ou répara quelques-unes des anciennes fontaines qui menaçaient ruine, entre autres, celle dite de Sainte-Catherine, en 1707, et celle Maubuée, rue Saint-Martin, en 1734 ; toutefois la masse d’eau destinée aux besoins des habitants resta la même, quoique la ville se fût singulièrement accrue en superficie et en population. Sous Louis XIV, comme on l’a dit, son enceinte renfermait 3,228 arpents et l’on évaluait le nombre de ses habitants à 510,000 ames. Pour le strict besoin d’une telle ville, il aurait fallu 510 pouces d’eau et toutes les ressources en produisaient à peine 100. Cette pénurie devint plus grande encore par l’emploi qu’on dut faire, en 1737, des eaux de Belleville au lavage d’un grand égoût qui traversait les marais du Temple, les faubourgs Saint-Denis, Montmartre, la Chaussée-d’Antin, la Ville-l’Évêque, les Champs-Élysées, etc., etc., et recevait sur son passage les cloaques de la plupart des autres quartiers de la ville. Cet égoût répandait une odeur si infecte que déjà, cent ans auparavant, le roi s’était vu obligé d’abandonner le Palais des Tournelles pour aller habiter les Tuileries. Il fallut suppléer à cette privation des eaux de Belleville par de nouvelles machines propres à tirer de la Seine de nouvelles