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pour dire aux ouvriers que, dans la discussion de cette question, il s’agit des « recherches scientifiques » du camarade Schippel sur le militarisme.

S’il se trouvait dans le Parti des naïfs pour accepter cette manière d’envisager les choses, nous ne pourrions que dire : pauvre Stegmuller ! (Député social-démocrate à la Diète de Bade, Stegmuller avait voté des fonds pour la construction d’Eglises et fut condamné par le Parti.) Il serait donc encore aujourd’hui parmi nous, tranquille et honoré, s’il avait eu l’idée d’appuyer ses agissements par un savant article dans les Sozialistische Monatshefte ? Car qui oserait prendre ombrage d’une « dissertation scientifique sur l’utilité de l’architecture religieuse ? »

Effectivement, la campagne de Schippel contre notre revendication de la milice ne peut pas plus être traitée d’un point de vue scientifique que les votes de Stegmuller. Dans son article (sur « Frédéric Engels et le système de la milice » dans la Neue Zeit, année 1898-99, nos 19 et 20), Schippel a essayé simplement de nous démontrer que la milice populaire, dont l’institution a été de tous temps un des points les plus importants de notre programme politique, est irréalisable du point de vue technique, indésirable pour des raisons politiques, onéreuse économiquement, tandis que le militarisme actuel est aussi indispensable que salutaire au bien-être de la nation. C’est un désaveu brutal de toute l’action parlementaire et même de toute l’agitation du Parti, qui, jusqu’à présent, s’est concentrée sur la lutte contre le militarisme. Si, sous le prétexte de la liberté de la science, on contestait au Parti le droit de se prononcer sur une telle attaque contre ses principes fondamentaux, ce serait l’abus le plus éhonté qu’on ait jamais fait du nom de la « science » pour « bourrer les crânes ».

Tout aussi pratiques, et non « scientifiques », sont les questions figurant au point 5 de l’ordre du jour du prochain congrès et qui concernent la tactique du Parti.

Il faut espérer qu’on ne présentera pas comme une question scientifique, inaccessible au jugement des délégués, la tactique pratiquée au cours des élections à la Diète de Bavière. Dans l’œuvre de Bernstein aussi, il y a deux parties : l’une, théorique, où Bernstein expose son opinion critique sur la théorie de la valeur, les crises, la conception matérialiste de l’histoire ; et l’autre, pratique, où il traite des syndicats, des coopératives, de la politique coloniale et de l’attitude envers l’État actuel ainsi qu’envers les partis bourgeois.

La première partie n’est évidemment pas de la compétence du congrès du Parti ; nul n’a jamais songé à faire voter le congrès sur la théorie de la valeur ou sur celle des crises. Mais la seconde partie, les manifestations pratiques de la théorie de Bernstein, développées en paroles et en actes par Vollmar, Schippel,