Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/254

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Et il regardait de son mieux, et ne voyait rien.

— Bah ! bah ! dit une voix, occupons-nous d’abord de celui qui est là, dans le lit.

— Il y a donc quelqu’un dans le lit ?

— Certainement, venez voir.

Et ils tirèrent le pauvre Fanch hors du lit et se le jetèrent de l’un à l’autre, comme une balle. Mais, ils avaient beau faire, Fanch ne soufflait mot et faisait toujours semblant de dormir.

— Il ne se réveillera donc pas ? dit une voix.

— Attends, attends, dit une autre voix, je saurai bien le réveiller, moi.

Et il le lança si violemment contre la muraille, qu’il s’y colla comme une pomme cuite. Puis, ils s’en allèrent, en riant bruyamment.

Aussitôt, entra dans la chambre la chèvre que Fanch avait vue en arrivant au château ; mais, sa tête était celle d’une belle femme.

— Pauvre garçon ! dit-elle, comme tu as souffert !

Et elle se mit à le frotter avec un onguent qu’elle avait, et à mesure qu’elle frottait, la vie revenait dans son corps, si bien qu’il finit par se retrouver aussi vivant et aussi bien portant que jamais.

— Tout s’est bien passé, pour cette fois, lui dit alors la chèvre-femme ; mais, la nuit prochaine,