Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/95

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— Tu auras, sans doute, désobéi en quelque chose à mon mari ?

— Oui, j’ai parlé et touché à deux arbres qui se battaient avec acharnement, au bord d’une rivière, et alors ton mari m’a dit qu’il fallait m’en retourner au château.

— Et, comme cela, tu ne sais pas où il va ?

— Non, je ne sais pas où il va.

Vers le soir, le mari d’Yvonne rentra, à son heure habituelle, et dit à Yvon :

— Vous m’avez désobéi, beau-frère ; vous avez parlé et touché, malgré ma recommandation et malgré votre promesse de n’en rien faire, et, à présent, il vous faut retourner encore un peu dans votre pays, pour voir vos parents ; vous reviendrez ici, sans tarder, et ce sera alors pour toujours.

Yvon fit ses adieux à sa sœur. Son beau-frère le mit alors sur le bon chemin pour s’en retourner dans son pays, et lui dit :

— Allez, à présent, sans crainte, et au revoir, car vous reviendrez, sans tarder.

Yvon chemine par la route où l’a mis son beau-frère, un peu triste de s’en retourner ainsi, et rien ne vient le contrarier, durant son voyage. Ce qui l’étonné le plus, c’est qu’il n’a ni faim, ni soif, ni envie de dormir. A force de marcher, sans jamais s’arrêter, ni de jour ni de nuit, — car il ne se fa-