Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/292

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lement complet, le tout couleur des étoiles. Enfin, dans une troisième écurie, il vit les mêmes choses, un cheval, un chien, une épée et un habillement complet, le tout de la couleur du soleil. Il ne se lassait pas d’admirer toutes ces merveilles, qui appartenaient au vieux sanglier que le roi des lions avait mis en pièces, car c’était là son château. Mais, comme le soleil allait se coucher, il retourna à son troupeau, et le ramena à l’étable. Il ne dit rien à son maître de ce qu’il avait vu ; mais, toute la nuit, il ne fit qu’en rêver.

Le lendemain matin, comme il se disposait à partir, selon son habitude, il remarqua que tout le monde était triste et pleurait, dans le château. Il en demanda la cause à une vieille cuisinière qui l’avait pris en affection.

— Hélas ! mon fils, lui répondit-elle, nous avons assez sujet d’être tristes et de nous désoler. Tous les sept ans, une jeune fille de la famille de notre maître doit être livrée à un monstre, un serpent à sept têtes, qui se trouve dans une forêt voisine : le tour de notre maison est venu de payer le tribut fatal, et c’est demain que le terme expire. Ah ! si vous saviez comme elle est jolie, et bonne et sage, la pauvre enfant ! Et notre maître n’a d’autre enfant qu’elle : cela brise le cœur d’y songer.

Et la vieille pleurait, à chaudes larmes.