Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/353

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en revenant d’un pèlerinage, que si Dieu lui accordait un enfant, dût-il naître avec un crapaud ou une couleuvre, elle serait satisfaite. Dieu exauça son vœu, et, neuf mois après, vous vîntes au monde, et moi j’y vins aussi avec vous, enroulée autour de votre cou, qui en porte encore la trace. Vous vous marierez bientôt...

— Oh ! non, interrompit Lévénès, je n’ai nulle envie de me marier.

— Vous vous marierez bientôt, reprit la couleuvre, et pourtant, il vaudrait mieux pour vous qu’il n’en fût rien. Ce collier rouge que vous avez autour du cou, il n’y a que moi au monde à pouvoir vous l’enlever.

— Comment pouvez-vous faire cela ?

— Apportez-moi une jatte pleine de lait doux, avec un linge blanc, et vous verrez comment.

Lévénès courut à la maison et en rapporta une jatte de lait doux et une serviette. Elle déposa la jatte sur le gazon, près de la couleuvre. Celle-ci entra aussitôt, se roula et se trémoussa quelque temps, dans le lait, puis en sortit et s’enroula autour du cou de Lévénès, à l’endroit où elle portait le collier. Elle dit ensuite à la jeune fille, en quittant son cou, après y être restée quelques minutes :

— Essuyez votre cou, à présent, avec la serviette.