Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/438

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Quand Bihanic rentra de la chasse, sa femme ne lui dit rien de l’échange qu’elle avait fait. Il soupa, puis il alla se coucher, comme à l’ordinaire, sans souci de rien. Mais, au milieu de la nuit, il eut froid et se réveilla. Grand fut son étonnement de voir les étoiles du ciel et de se trouver couché sur la terre nue, en plein air, à côté de sa femme.

Il se frotta les yeux en se disant : — Certainement je rêve. Mais, hélas ! il ne rêvait pas, et il fallut bien reconnaître la triste réalité. Avec son talisman, son château et tout ce qu’il renfermait s’en était allé, comme il était venu !

Quand le vieux roi, le lendemain matin, vit revenir sa fille, tout en pleurs et grelottante de froid, et qu’il apprit d’elle comment son mari avait perdu son château et qu’il la faisait coucher à la belle étoile : — « Je me doutais bien, dit-il, furieux, que c’était quelque aventurier duquel on ne devait attendre rien de bon. Qu’on le jette en prison, pour attendre le moment de monter à l’échafaud ! »

Et Bihanic fut jeté en prison.

Cependant, la chienne était allée au palais du vieux roi, et là elle écoutait tout ce qui se disait. Un jour, ayant entendu dire que son maître serait exécuté, à dix heures, le lendemain matin, elle trouva moyen de se rendre auprès de lui, dans