Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/97

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matin, en vous levant, vous trouverez à votre porte un bœuf superbe ; vous le conduirez à la foire de Lannion et en demanderez deux cents écus, et vous les aurez, sans en rien rabattre. Mais retenez la corde.

— La corde se vend ordinairement avec la bête, dit le vieillard.

— Ne lâchez pas la corde, vous dis-je, ou vous m’exposeriez à un grand danger. Vous m’entendez bien, rapportez la corde à la maison.

— C’est bien, je la rapporterai, quoique cela ne se fasse pas ordinairement.

Le lendemain, de bonne heure, le bonhomme trouva, en effet, un magnifique bœuf à sa porte, avec une corde toute neuve au cou. Et il prit avec lui la route de Lannion, sans s’inquiéter de ce qu’était devenu son fils, ce matin-là. Or, le bœuf c’était son fils lui-même, qui avait appris, dans les livres du magicien, à se changer, à volonté, en toutes sortes d’animaux.

Dès que le bœuf arriva en foire, tous les marchands et les bouchers qui se trouvaient là vinrent le marchander.

— Combien le bœuf, bonhomme ?

— Deux cents écus, et la corde à moi.

— Vous déraisonnez ; dites cent cinquante écus, et nous nous frapperons dans la main et boirons bouteille ensemble.