Ecoutez, et vous entendrez, et vous entendrez chanter
Un gwerz nouvellement composé l’année présente,
A Marguerite Laurent, qui a été attachée à la potence,
Pour un couvert d’argent, volé au manoir.
Le jeune clerc disait, en passant près de la potence :
— La bénédiction de Dieu soit sur ton âme, Marguerite Laure
La bénédiction de Dieu soit sur ton âme, Marguerite Laure
Nous avons fait ensemble bien des tours de danse ! —
— Vous n’avez pas besoin, clerc, de prier sur mon âme,
Je suis aussi heureuse ici que vous l’êtes là ;
Voilà trois jours et trois nuits que je suis pendue ici,
Mais, grâce à sainte Anne, je n’ai pas eu de mal !
Allez à présent, clerc, allez au manoir,
Pour me faire détacher de la potence. —
Le jeune clerc disait, en arrivant au manoir :
— Je suis envoyé ici de la part de Marguerite Laurent,
Qui est depuis trois jours et trois nuits là-bas à la potence,
Mais, grâce à sainte Anne, elle n’a pas eu de mal. —
Le Sénéchal disait au clerc, ce jour-là :
— Je ne te croirai pas, jeune clerc, quand tu parles ainsi,
Jusqu’à ce qu’ait chanté le chapon rôti que voilà sur ce plat
Non, je ne te croirai pas, je le jure, ô jeune clerc menteur !
Il n’avait pas encore fini de parler,
Quand chanta le chapon rôti qui était là sur un plat ! —
Le Sénéchal disait à son garçon d’écurie :
— Selle moi ma haquenée, que j’aille faire un tour ! —
. . . . . . . . . . . . . . . . . .
— En vérité, Marguerite Laurent, me direz-vous
Qui vous a préservée, puisque vous n’êtes pas morte ? —
— Je m’étais vouée à Notre-Dame du Folgoat,
Et elle m’a mis un escabeau sous mes pieds !