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L’ENFANT DU LÉPREUX.
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I

  Celui qui veut avoir de la pitié,
Qu’il aille lundi à Châteauneuf,

  Et il verra pendre et brûler
La plus belle jeune femme qui y soit ;

  La plus belle jeune femme qui y soit,
La fille du fermier de Leshildri, (1)[1]

  Dans le lit de laquelle on a trouvé un enfant,
Avec un couteau nu dans le côté ;

  Et on lui a attribué le crime,
Et pourtant elle dit qu’elle n’est pas coupable.

II

  L’enfant de cinq ans disait,
En sortant de la maison :

  — Il n’y a pas d’enfant sur la terre
Qui ait autant que moi de chagrin !

  Ma mère sera pendue et brûlée,
Et mon pauvre père est lépreux ! —

  La pauvre enfant disait
Au grand Sénéchal, ce jour-là :

  — Monsieur le Sénéchal, si vous m’aimez,
Vous me rendrez ma mère chérie ;

  Vous me rendrez ma mère chérie.
Je mourrai pour elle, s’il le faut. —

  Le grand Sénéchal disait
A l’enfant de cinq ans, en ce moment ;

  — Ce temps-là n’est pas encore venu,
Où l’un meurt pour l’autre. —

  La pauvre femme disait
Alors à son enfant de cinq ans :

  — Ma pauvre enfant, retire-toi,
Je me retrouverai à la maison dans trois jours ! —

  1. (1) Je ne sais s’il y a quelque corrélation entre ce gwerz et celui de Fantik Pikart ; l’introduction de la fille du fermier de Leshildry dans ce début m’a tout l’air d’une interpolation.