Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/331

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  Le jour est bien avancé,
Et il fera tard quand j’arriverai. —

  Il l’a prise à bras le corps,
Et le pot est tombé de dessus sa tête ;

  Le pot est tombé de dessus sa tête,
Et le lait a été répandu.

  — Si Kervezennec le lion (1)[1] savait
Que j’ai été arrêtée par Rozmelchon,

  Celui-là, certainement, viendrait me chercher,
Et quand il fatiguerait neuf chevaux à chaque pas.

  — Je ne fais pas plus de cas de ton lion,
Que je n’en fais de toi-même ! —

  Alors il l’a saisie,
Et l’a emmenée au château

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

  — Petite Anne, venez avec moi dans les chambres,
Pour choisir des poires et des pommes. —

  — Pour manger des poires et des pommes,
Il me faudra avoir des couteaux. —

  Elle n’avait pas fini de parler,
Qu’il lui présenta trois couteaux ;

  Un à manche noir, un à manche blanc, [1][2]
Et un autre en or jaune.

  Elle a demandé à son Dieu :
— Mon Dieu, dites-moi

  Si je dois me tuer, ou si je ne dois ? —
Au milieu de son cœur elle l’a planté !

  Quand Rozmelchon se détourna,
La petite Anne était couchée sur la bouche :

  — Si je ne craignais de damner mon âme,
Tu ne serais pas allée vierge devant Dieu ! —

III

  Kervezennec souhaitait le bonjour,
En arrivant chez Rozmelchon :

  — Bonjour et joie dans cette maison,
Où est le seigneur de Rozmelchon ? —

  — Le seigneur n’est pas à la maison,
Il est allé à une petite affaire. —

  1. (1) Ce mot de Lion est le seul dans la pièce qui puisse faire songer à
    Duguesclin qui est le héros de la pièce correspondante du Barzaz-Breiz, page 212.
  2. (1) Il y a sans doute une lacune de deux vers, ici, pour dire qu’elle a pris le couteau à manche noir.