Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/359

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  Le seigneur de Coatredrez, dès qu’il entendit,
Descendit de cheval ;
Il descendit de cheval,
Et donna un soufflet à son valet.

  Il a donné un soufflet à son valet
Et a pris la jeune fille à bras le corps ;
Il a pris la jeune fille à bras le corps,
Et l’a mise sur son cheval.

  Un mouchoir blanc empesé
Il lui a mis sur la bouche,
Pour qu’elle ne fût pas reconnue
Par les gens qui allaient au Guéodet.

  La pauvre jeune fille disait,
En passant auprès des siens (de sa société) :
— Au nom de Dieu, si vous m’aimez,
Ma société, secourez-moi ! —

  — Hélas ! nous ne pouvons vous secourir,
Puisque c’est le seigneur de Coatredrez qui vous a désirée ! —
Le valet disait
Au seigneur de Coatredrez, en ce moment :

  — Otez le mouchoir de dessus sa bouche,
Elle rejette le sang à pleine bouche ! —
— Laisse-la en rejeter tant qu’elle voudra,
Les femmes sont pleines d’artifices ! ... (1)[1]

III

  Le seigneur de Coatredrez disait
A sa gouvernante, en arrivant :
— Mettez la broche au feu.
Pour le souper de la jeune fille et le mien. —

  La pauvre jeune fille disait
Au seigneur de Coatredrez, en l’entendant :
— Mangez et buvez tant qu’il vous plaira,
Pour moi, je ne souperai point. —

  La pauvre jeune fille disait
A la gouvernante, cette nuit-là :
— Gouvernante, si vous m’aimez.
Faites que j’aille coucher avec vous. —

  1. (1) Variante :

    La jeune fille se lamentait,
    Et personne ne la consolait,
    Si ce n’est parfois le valet,
    Qui avait grande pitié de sa douleur :
    — Consolez-vous, pauvre enfant, ne pleurez pas,
    Je veillerai qu’il ne vous arrive pas de mal ! —