Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/381

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  — Vous auriez cinq cents écus, que vous ne l’auriez pas,
Car il n’y a pas dans la compagnie de soldat qui me plaise autant que lui. —

II

  Quand j’étais à Roz-Julou, dans mon lit, bien couché,
J’entendais les filles du Roudour chanter la chanson de mon fils.

  Et moi de me tourner du côté du mur et de commencer à pleurer :
Seigneur Dieu ! Sylvestre chéri, où es- tu à présent  ?

  Peut-être es-tu mort à cinq cents lieues de moi,
Tes chers os jetés aux poissons à manger !

  Tes chers os jetés à manger aux poissons,
Si je les avais maintenant, je les embrasserais.

  J’ai un petit oiseau, ici, près le seuil de ma porte,
Entre deux pierres, dans un trou du mur ;

  Entre deux pierres, dans un trou du mur,
Et je me trompe s’il n’est pas à couver.

  Si mon oiseau vient à lever (faire éclore), à faire bonne année,
Je ferai que mon oiseau chéri aille voir mon fils.

  — Oh ! oui, écrivez-lui votre lettre, cher vieillard, quand vous voudrez,
Je suis prêt à la porter tout de suite, à votre requête. —

  Quand la lettre fut écrite, mise à l’oiseau dans le bec.
Vers Metz en Lorraine avec lui elle partit

  — Arrêtez-vous, cher Sylvestre, lisez cette lettre-ci,
Qui vous est envoyée par votre père, qui est chez nous. —

  — Descendez, petit oiseau, au bord de mon navire (?)[1][1]
Que je vous écrive une lettre à porter à mon père à la maison ;

  Que je vous écrive une lettre pour lui dire
Que dans quinze jours, à partir d’aujourd’hui, je me trouverai auprès de lui —

III

  — Bonjour à vous, petit oiseau, à présent que vous êtes revenu ;
  Mon cher Sylvestre est-il bien portant, si vous l’avez vu ? —

  — Oui, Sylvestre se porte bien, je lui ai parlé,
Dans quinze jours, à partir d’aujourd’hui, il se trouvera ici... —

  Pendant que le père affligé se lamentait,
Son fils chéri Sylvestre était au seuil de la porte à l’écouter.

  1. (1) La chanteuse prononçait ablest, mot inintelligible ; elle devait peut-être dire ma lestr, mon navire. Peut-être aussi le mot ablestr désigne-t-il quelque partie d’un navire, puisque, comme nous l’avons vu au vers 10, Sylvestrik était marin, quoique son père lui envoyât son petit oiseau à Metz en Lorraine.