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II

  Jeanne Le Iudec disait,
En arrivant chez le vieux Olivier :
— Donnez-moi escabeau pour m’asseoir,
Et serviette pour essuyer la sueur ; (1)[1]

  Serviette pour essuyer la sueur,
Si je dois être belle-fille dans cette maison. —
— Belle-fille dans cette maison vous ne serez,
Il est allé étudier à Paris. —

  Quand Philippe Olivier allait recevoir les Ordres,
Jeanne le suivait à travers champs :
— Philippe Olivier, retourne à la maison,
Assez de prêtres sont en Tréguier ! —

III

  Jeanne Le Iudec disait,
Un jour, à la fenêtre de sa chambre :
— Je vois les jeunes clercs qui reviennent à la maison,
(Avec eux) Philippe Olivier, fait prêtre !

  J’ai eu dix-huit amoureux clercs,
Philippe Olivier est le dix-neuvième ;
Philippe Olivier, le dernier,
Me brisera le cœur ! —

  Philippe Olivier disait
A Jeanne Le Iudec, en passant :
— Jeanne Le Iudec, si vous m’aimez,
Vous ne viendrez pas à ma première messe ;

  Vous ne viendrez pas à ma première messe,
Car vous me feriez faillir. —
— Le trouve mauvais qui voudra,
J’irai à votre première messe ;

  J’irai à votre première messe,
Et je ferai offrande de quatre pistoles,
Afin que mes compatriotes ne disent pas :
Jeanne Le Iudec est mal-avisée. —

  — Si vous voulez, Jeanne, ne pas venir.
Je vous donnerai quatre cents écus ;
Mon père lui-même vous en donnera cent,
Un bon gage pour une jeune fille ! —

  1. (1) On aura déjà remarqué plusieurs fois cette formule, et on la remarquera encore plus d’une fois dans la suite. C’est là un lieu commun dont nos chanteurs populaires font souvent usage.