Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/435

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  — Ce n’est ni votre or ni votre argent,
Mais c’est vous-même, Olivier, que je désire,
Dans l’espoir de me trouver mieux
De votre amitié, avant de mourir. —

  De mon amitié, aussi longtemps que je vivrai,
Je puis vous donner l’assurance,
Mais non de vous épouser,
Et c’est ma mère qui en est la cause. —

IV

  Quand Philippe Olivier allait à l’église,
Jeanne le tirait par son surplis :
—- Philippe Olivier, retourne à la maison,
Assez de prêtres sont en Tréguier ! —

  Quand le prêtre disait : Dominus vobiscum !
Jeanne se levait tout droit debout.
Hélas ! quand on fut à l’élévation,
Jeanne tomba sur la bouche !

  Depuis les balustres (le chœur) jusqu’à la porte principale,
On entendit son cœur éclater,
Si bien que le vicaire demandait
Si c’était la charpente de l’église qui craquait ? —

  — Jeanne Le Iudec, levez la tête,
Vous verrez Jésus dans la messe ;
Vous verrez Jésus glorifié
Entre les mains de votre bien-aimé ! —

  On la porta dans la chambre de la tour,
Et elle resta là mourir.
La mère de Philippe Olivier disait
A son fils prêtre, en ce moment :

  Pressez-vous d’y aller,
Et au nom de Dieu, consolez-la. —
Philippe Olivier disait
A sa mère, en l’entendant parler de la sorte :

  — Taisez-vous, ma mère, ne me plaisantez pas,
Vous n’aurez pas longtemps un fils prêtre ;
Vous célébrez aujourd’hui mon ordination.
Et demain vous serez à m’enterrer ! —

  Philippe Olivier disait,
En arrivant dans la chambre de la tour :
— Bonjour à vous, ma plus aimée,
Vous allez sortir de ce monde ! —

  — Si j’étais votre plus aimée,
Vous ne m’auriez pas traitée comme vous l’avez fait !
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